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Dernier Souper

*GRAND SERVITEUR*


Souper

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Le jeudi soir 6 avril de l'an 30, les apôtres montèrent immédiatement dans la salle du haut, tandis que Jésus s'attardait à causer avec la famille de Élie et Marie Marc qui les accueillait dans leur maison à l'occasion du dernier souper avec Jésus avant la Pâques.

Il avait été convenu d'avance que Jésus célèbrerait cette fête seul avec ses douze apôtres, et, en conséquence, on n'avait prévu aucun serviteur pour les servir.

Le désir d'être préféré

Quand les apôtres eurent été conduits au premier étage par Jean Marc, le fis des Marc, ils virent une salle vaste et commode, complètement apprêtée pour le souper. Ils remarquèrent que le pain, le vin, l'eau et les herbes étaient tout prêts à une extrémité de la table. Sauf à cette extrémité où se trouvaient le pain et le vin, la longue table était entourée de treize divans pour s'étendre, exactement comme elle aurait été préparée pour la célébration de la Pâque dans une famille juive aisée.

Tandis que les douze entraient dans cette pièce, ils remarquèrent, tout près de la porte, les cruches d'eau, les bassines et les serviettes destinées au lavage de leurs pieds poussiéreux. Aucun serviteur n'ayant été prévu pour leur rendre ce service, les apôtres commencèrent à se regarder les uns les autres dès que Jean Marc les eut quittés, et chacun se mit à penser en lui-même : Qui va nous laver les pieds ? Et chacun pensa également que ce ne serait pas lui qui assumerait ce rôle apparent de serviteur des autres.

Tandis qu'ils se tenaient là, agitant la question dans leur coeur, ils promenèrent leur regard sur l'arrangement des sièges autour de la table et remarquèrent le divan surélevé de l'hôte d'honneur, avec un divan à sa droite et onze autres disposés autour de la table, le dernier faisant face au second siège d'honneur placé à droite du divan de l'hôte.

Ils attendaient l'arrivée du Maitre à tout moment, mais ils étaient dans l'embarras, ne sachant s'ils devaient s'assoir ou attendre sa venue en comptant sur lui pour leur désigner leur place. Tandis qu'ils hésitaient, Judas s'avança vers le siège d'honneur à gauche de l'hôte, et signifia qu'il avait l'intention de s'y allonger à titre de convive préféré. Cet acte de Judas provoqua immédiatement une violente dispute parmi les autres apôtres. À peine Judas s'était-il emparé du siège d'honneur que Jean Zébédée prétendit occuper le second siège d'honneur, à droite de l'hôte. Simon Pierre fut tellement furieux de la prétention de Judas et de Jean à des positions de choix que, sous les regards irrités des autres apôtres, il tourna autour de la table et prit sa place sur le divan le plus bas, à la fin de la rangée, exactement à l'opposé de celui choisi par Jean Zébédée. D'autres apôtres ayant pris possession des sièges élevés, Pierre s'était décidé à choisir le plus bas non seulement pour protester contre l'orgueil indécent de ses compagnons, mais avec l'espoir qu'en entrant et en le voyant à la place la moins honorifique, Jésus le ferait monter à une place plus élevée, et déplacerait ainsi un apôtre ayant eu la présomption de s'honorer lui-même.

Les apôtres de Jésus lors du dernier souper, la Sainte Cène

La position la plus élevée et la position la plus basse étant ainsi occupées, les autres apôtres choisirent leurs places, les uns près de Judas, et les autres près de Pierre, jusqu'à ce qu'ils fussent tous installés. Sur ces divans autour de la table en forme d'U, ils étaient assis dans l'ordre suivant : à droite du Maitre, Jean; à gauche du Maitre, Judas, Simon Zélotès, Matthieu, Jacques Zébédée, André, les jumeaux Alphée, Philippe, Nathanael, Thomas et Simon Pierre.

Ils sont réunis pour célébrer, au moins en esprit, une institution datant même d'avant Moïse et qui se référait à l'époque où leurs ancêtres étaient esclaves en Égypte. Ce souper est leur dernier rendez-vous avec Jésus, et, même dans ce cadre solennel, les apôtres, sous la conduite de Judas, sont amenés une fois de plus à céder à leur ancienne prédilection pour les honneurs, la préférence et l'élévation personnelle.

Ils étaient encore en train de récriminer avec irritation lorsque le Maitre apparut dans l'embrasure de la porte, où il hésita un instant, tandis qu'une expression de désappointement gagnait lentement son visage. Il prit sa place sans commentaire et ne changea rien aux dispositions que les apôtres avaient prises pour les leurs.

Ils étaient maintenant prêts pour le souper, sauf que leurs pieds n'étaient pas encore lavés et que leur humeur n'était rien moins que plaisante. À l'arrivée du Maitre, ils étaient encore en train de se faire des observations peu flatteuses les uns sur les autres, sans parler des pensées de certains, qui avaient suffisamment de contrôle émotif pour s'abstenir d'exprimer ouvertement leurs sentiments.

Le début du souper

Pendant quelques instants après que le Maitre eut pris sa place, aucune parole ne fut prononcée. Jésus promena son regard sur eux et détendit l'atmosphère avec un sourire en disant : “ J'ai grandement désiré manger cette Pâque avec vous. Je voulais prendre une fois de plus un repas avec vous avant de souffrir. Sachant que mon heure est arrivée, j'ai pris des dispositions pour souper avec vous ce soir, car, en ce qui concerne demain, nous sommes tous entre les mains du Père, dont je suis venu exécuter la volonté. Je ne mangerai plus avec vous avant que vous ne siégiez avec moi dans le royaume que mon Père me donnera quand j'aurais achevé ce pourquoi il m'a envoyé dans ce monde. ”

Après qu'ils eurent mélangé le vin et l'eau, ils apportèrent la coupe à Jésus qui la reçut des mains de Jacques Alphée et la tint en rendant grâces. Quand il eut fini de rendre grâces, il dit : “ Prenez cette coupe et partagez-la entre vous, et, quand vous boirez, réalisez que je ne boirai plus du fruit de la vigne avec vous, car c'est notre dernier souper. Quand nous siègerons encore de cette manière, ce sera dans le royaume à venir. ”

Jésus commença à parler ainsi à ses apôtres parce qu'il savait que son heure était venue. Il comprenait que le moment était arrivé où il devait retourner auprès du Père et où son oeuvre terrestre était presque achevée. Le Maitre savait qu'il avait révélé, sur Terre, l'amour du Père et proclamé sa miséricorde à l'humanité, et qu'il avait parachevé ce pourquoi il était venu dans le monde, jusqu'à recevoir tout pouvoir et toute autorité dans le ciel et sur Terre. De même, il savait que Judas Iscariot avait pleinement résolu de le livrer ce soir-là à ses ennemis. Il réalisait parfaitement que cette trahison était l'oeuvre de Judas, mais aussi qu'elle plaisait à Lucifer, à Satan et à Caligastia, le prince des ténèbres. Mais il ne craignait aucun de ceux qui cherchaient à abolir son pouvoir spirituel, pas plus qu'il ne craignait ceux qui cherchaient à le faire mourir physiquement. Le Maitre n'avait qu'une inquiétude, et elle concernait la sécurité et le salut de ses disciples choisis. Ainsi donc, sachant pleinement que le Père avait placé toutes choses sous son autorité, le Maitre se prépara à mettre en pratique la parabole de l'amour fraternel.

Le lavement des pieds des apôtres

Après que l'hôte eut bu la première coupe de la Pâque, la coutume juive voulait qu'il se lève de table et se lave les mains. Au cours du repas, et après la seconde coupe, tous les invités se levaient également et se lavaient les mains. Les apôtres savaient que le Maitre n'observait jamais ces rites de lavage cérémoniel des mains; ils étaient donc curieux de savoir ce qu'il avait l'intention de faire après qu'ils auraient partagé cette première coupe. Or, le Maitre se leva de table et se dirigea silencieusement vers la porte auprès de laquelle les cruches d'eau, les bassines et les serviettes avaient été placées. La curiosité des apôtres se changea en étonnement lorsqu'ils le virent ôter son vêtement, se ceindre d'une serviette et commencer à verser de l'eau dans l'un des pédiluves. Imaginez la stupéfaction de ces douze êtres humains, qui venaient de refuser de se laver mutuellement les pieds et de se disputer indécemment au sujet des places d'honneur à table, quand ils virent le Maitre contourner la table vers le siège le plus bas du festin, où Simon Pierre était allongé, et s'agenouiller dans l'attitude d'un serviteur se préparant à laver les pieds de Simon. Lorsque le Maitre s'agenouilla, les douze se levèrent comme un seul être humain; même le traitre Judas oublia pour un moment son infamie au point de se lever avec ses compagnons dans cette expression de surprise, de respect et de profonde stupéfaction.

Voilà donc Simon Pierre regardant le visage redressé de son Maitre. Jésus ne dit rien; il était inutile qu'il parle. Son attitude révélait clairement qu'il se proposait de laver les pieds de Simon Pierre. Malgré ses faiblesses humaines, Pierre aimait le Maitre. Ce pêcheur galiléen fut le premier être humain à croire de tout coeur à la divinité de Jésus et à confesser pleinement et publiquement cette croyance. Et, depuis lors, Pierre n'avait plus jamais vraiment douté de la nature divine du Maitre. Puisque Pierre révérait et honorait pareillement Jésus dans son coeur, il n'était pas surprenant que son âme fut froissée à l'idée que Jésus était agenouillé là devant lui, tel un banal serviteur, et se proposait de lui laver les pieds comme l'aurait fait un esclave. Lorsque Pierre se ressaisit suffisamment pour parler au Maitre, il exprima les sentiments du coeur de tous ses compagnons apôtres.

Après ces quelques moments de grand embarras, Pierre dit : “ Maitre, as-tu réellement l'intention de me laver les pieds ? ” Relevant la tête pour regarder Pierre en face, Jésus dit : “ Peut-être ne comprends-tu pas pleinement ce que je vais faire, mais, plus tard, tu connaîtras la signification de toutes ces choses. ” Alors, Simon Pierre prit une longue respiration et dit : “ Maitre, jamais tu ne me laveras les pieds. ” Et chacun des apôtres approuva d'un signe de tête la ferme déclaration de Pierre refusant de laisser Jésus s'humilier ainsi devant eux.

L'appel dramatique de cette scène inaccoutumée toucha, tout d'abord, même le coeur de Judas Iscariot; mais, lorsque son vaniteux intellect jugea le spectacle, il conclut que ce geste d'humilité était simplement un épisode supplémentaire apportant la preuve concluante que Jésus ne serait jamais qualifié pour être le libérateur d'Israël, et que lui, Judas, ne s'était pas trompé en décidant d'abandonner la cause du Maitre.

Tandis que les apôtres stupéfaits retenaient leur souffle, Jésus dit : “ Pierre, je déclare que, si je ne te lave pas les pieds, tu ne participeras pas à l'oeuvre que je vais accomplir. ” Lorsque Pierre entendit cette déclaration, doublée du fait que Jésus restait agenouillé à ses pieds, il prit une de ces décisions d'acquiescement aveugle consistant à accéder au désir de celui qu'il respectait et aimait. Comme Simon Pierre commençait à se rendre compte que cet acte de service projeté comportait une signification qui déterminerait les liens futurs de l'intéressé avec l'oeuvre du Maitre, non seulement il admit l'idée que Jésus lui lave les pieds, mais encore, de sa manière caractéristique et impétueuse, il dit : “ Alors, Maitre, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. ”

Tandis que le Maitre se préparait à laver les pieds de Pierre, il dit : “ Celui qui est déjà pur n'a besoin que d'avoir ses pieds lavés. Vous, qui êtes assis avec moi aujourd'hui, vous êtes purs – mais pas tous. Toutefois, la poussière de vos pieds aurait dû être lavée avant que vous ne preniez place au repas avec moi. En outre, je voudrais accomplir ce service pour vous à titre de parabole pour illustrer la signification d'un nouveau commandement que je vais bientôt vous donner. ”

De la même manière, le Maitre fit le tour de la table en silence et lava les pieds des douze apôtres sans même en excepter Judas. Lorsqu'il eut fini de laver les pieds des douze, il remit son vêtement, retourna à sa place d'hôte, puis, après avoir regardé ses apôtres déconcertés, il dit :

“ Comprenez-vous réellement ce que je vous ai fait ? Vous m'appelez Maitre, et vous dites bien, car je le suis. Si donc le Maitre vous a lavé les pieds, pourquoi n'étiez-vous pas disposés à vous les laver mutuellement ? Quelle leçon devriez-vous apprendre de cette parabole où le Maitre rend si volontiers le service que ses frères ne voulaient pas se rendre l'un à l'autre ? En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n'est pas plus grand que son Maitre, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'envoie. Dans ma vie parmi vous, vous avez vu la manière de servir, et bénis sont ceux qui ont la grâce et le courage de servir ainsi. Mais pourquoi êtes-vous si lents à apprendre que le secret de la grandeur dans le royaume spirituel ne ressemble pas aux méthodes de pouvoir dans le monde matériel ?

“ Quand je suis entré ce soir dans cette salle, vous ne vous contentiez pas de refuser orgueilleusement de vous laver réciproquement les pieds, mais il fallait aussi que vous vous disputiez les places d'honneur à ma table. Ces honneurs-là sont recherchés par les pharisiens et les enfants de ce monde, mais il ne devrait pas en être ainsi parmi les ambassadeurs du royaume céleste. Ne savez-vous pas que ma table ne comporte aucune place de préférence ? Ne comprenez-vous pas que j'aime chacun de vous autant que les autres ? Ignorez-vous que la place à côté de moi, considérée comme honorifique par les êtres humains, peut ne rien signifier quant à votre position dans le royaume des cieux ? Vous savez que les rois des Gentils ont la souveraineté sur leurs sujets, et que l'on appelle parfois bienfaiteurs ceux qui exercent cette autorité. Mais il n'en sera pas ainsi dans le royaume des cieux. Que celui qui veut être grand devienne le cadet et que celui qui veut être chef devienne celui qui sert. Qui est le plus grand, celui qui siège au repas ou celui qui le sert ? Ne considère-t-on pas en général que celui qui est assis à table est le plus grand ? Mais vous observerez que je suis parmi vous comme celui qui sert. Si vous voulez bien être mes compagnons dans le service en accomplissant la volonté du Père, vous siègerez avec moi en puissance dans le royaume à venir, en continuant à faire la volonté du Père dans la gloire future. ”

Quand Jésus eut fini de parler, les jumeaux Alphée apportèrent le pain et le vin, avec les herbes amères et la pâte de fruits secs, qui composaient le plat suivant du Dernier Souper.

Dernières paroles au traitre

Durant quelques minutes, les apôtres mangèrent en silence, mais, sous l'influence de l'attitude de bonne humeur du Maitre, ils furent bientôt entrainés dans des conversations, et le repas ne tarda pas à se poursuivre comme si rien d'anormal ne s'était passé pour troubler la bonne humeur et l'aménité sociale de cette réunion extraordinaire. Après un moment, vers le milieu de ce second service du repas, Jésus promena son regard sur les apôtres et dit : “ Je vous ai dit combien je désirais prendre ce souper avec vous. Sachant de quelle façon les forces des ténèbres ont conspiré pour faire mourir le Fils de l'Homme, j'ai décidé de prendre ce souper avec vous dans cette salle secrète, un jour d'avance sur la Pâque, car demain soir, à cette heure, je ne serai plus avec vous. Je vous ai maintes fois répété que je dois retourner auprès du Père. Maintenant, mon heure est venue, mais il n'était pas nécessaire que l'un de vous me trahisse et me livre à mes ennemis. ”

La parabole du lavement des pieds et le discours subséquent du Maitre avaient déjà fait perdre aux apôtres une bonne partie de leur outrecuidance et de leur présomption. Quand ils entendirent cela, ils commencèrent à se regarder les uns les autres et à demander avec hésitation d'un ton déconcerté : “ Est-ce moi ? ” Quand ils eurent tous posé la même question, Jésus dit : “ Alors qu'il est nécessaire que je retourne auprès du Père pour accomplir sa volonté, il n'était pas requis que l'un de vous devienne un traitre. Ceci est la maturation du mal caché dans le coeur de l'un de vous, qui n'a pas réussi à aimer la vérité de toute son âme. Combien est trompeur l'orgueil intellectuel qui précède la chute spirituelle ! Mon ami de longue date, qui mange actuellement mon pain, est prêt à me trahir, même pendant qu'il trempe sa main avec moi dans le plat. ” Quand Jésus eut ainsi parlé, les douze recommencèrent tous à demander : “ Est-ce moi ? ” Quand Judas, assis à la gauche du Maitre, redemanda “ Est-ce moi ? ”, Jésus trempa du pain dans le plat d'herbes et le tendit à Judas en disant : “ Tu l'as dit. ” Mais les autres n'entendirent pas Jésus parler à Judas. Jean, qui était allongé à la droite de Jésus, se pencha et demanda au Maitre : “ Qui est-ce ? Nous devrions savoir qui est infidèle à sa mission. ” Jésus répondit : “ Je vous ai déjà dit que c'est celui à qui j'ai donné le pain trempé. ” Mais il était si naturel qu'un hôte donne du pain trempé au convive assis à sa gauche qu'aucun des douze n'y prêta attention, bien que le Maitre se fût clairement exprimé. Mais Judas fut douloureusement conscient de la signification des paroles du Maitre associées à son acte, et il se mit à craindre que ses compagnons ne se rendent également compte, maintenant, que c'était lui, le traitre.

Pierre était fort excité par ce qui avait été dit. Il se pencha sur la table et interpella Jean : “ Demande-lui qui c'est, ou s'il te l'a fait savoir, dis-moi qui est le traitre. ”

Jésus mit fin à leurs chuchotements en disant : “ Je suis attristé que ce mal soit arrivé et j'ai espéré jusqu'à la minute présente que le pouvoir de la vérité pourrait triompher des duperies du mal, mais on ne gagne pas de telles victoires sans la foi résultant d'un sincère amour de la vérité. Je n'aurais pas voulu vous dire ces choses à notre dernier souper, mais je désire vous avertir de ces chagrins et vous préparer ainsi à ce qui nous attend sous peu. Je vous ai dit cela parce que je souhaite qu'après mon départ, vous vous souveniez que je connaissais tous ces perfides complots, et que je vous ai avertis que j'allais être trahi. Je fais tout cela uniquement pour vous fortifier en vue des tentations et des épreuves imminentes. ”

Après avoir ainsi parlé, Jésus se pencha vers Judas et dit : “ Ce que tu as décidé de faire, fais-le promptement. ” Lorsque Judas entendit ces paroles, il se leva de table et quitta hâtivement la salle, sortant dans la nuit pour faire ce qu'il avait décidé d'accomplir. Quand les autres apôtres virent Judas partirent précipitamment après que le Maitre lui eut parlé, ils crurent qu'il était allé chercher un mets supplémentaire pour le repas ou faire quelque autre commission pour le Maitre, car ils supposaient que Judas portait encore la bourse. En effet, il ne savait qu'il avait confié la veille toute la trésorerie à David Zébédée.

Jésus savait que, désormais, il n'y avait plus rien à faire pour empêcher Judas de devenir un traitre. Il avait commencé avec douze apôtres – il n'en avait plus que onze. Il en avait choisi six. Bien que Judas fût parmi ceux qui avaient été nommés par ses premiers apôtres choisis, le Maitre l'avait accepté. Jusqu'à cette dernière minute, il avait fait l'impossible pour le sanctifier et le sauver, de même qu'il avait oeuvré pour la paix et le salut des autres.

Avec ses témoignages d'affection nuancés d'attendrissement, ce souper fut le dernier appel de Jésus au déserteur Judas, mais cet appel eut lieu en vain. Une fois que l'amour est réellement mort, les avertissements, même quand ils vous sont donnés avec le maximum de tact, et transmis dans l'esprit le plus amical, n'aboutissent généralement qu'à intensifier la haine et à enflammer la mauvaise résolution d'exécuter entièrement les propres projets égoïstes.

L'institution du souper du souvenir

Quand ils apportèrent à Jésus la troisième coupe de vin, la “ coupe de la bénédiction ” , il se leva de son divan et prit la coupe dans ses mains, la bénit en disant : “ Prenez cette coupe et buvez-en tous. Ce sera la coupe de mon souvenir. C'est la coupe de la bénédiction d'une nouvelle dispensation de grâce et de vérité. Ceci sera pour vous l'emblème de l'effusion et du ministère du divin Esprit de Vérité. Et je ne boirai plus cette coupe avec vous jusqu'à ce que je boive sous une nouvelle forme avec vous dans le royaume éternel du Père. ”

Tandis qu'ils buvaient cette coupe de la bénédiction avec un profond respect et en parfait silence, tous les apôtres perçurent qu'il se passait quelque chose hors de l'ordinaire. L'ancienne Pâque commémorait l'émergence de leurs pères d'un état d'esclavage racial à leur accession à la liberté individuelle. Maintenant, le Maitre instituait un nouveau souper du souvenir, symbolisant la nouvelle dispensation où l'individu asservi émerge de l'esclavage du cérémoniel et de l'égoïsme, et accède à la joie spirituelle de la fraternité et de la communauté des fils du Dieu vivant libérés par la foi.

Quand ils eurent fini de boire cette nouvelle coupe du souvenir, le Maitre prit le pain et, après avoir rendu grâce, le rompit en morceaux et leur demanda de le faire passer en disant : “ Prenez ce pain du souvenir et mangez-le. Je vous ai dit que je suis le pain de vie. Et ce pain de vie est la vie unifiée du Père et du Fils en un seul don. La parole du Père, telle qu'elle est révélée dans le Fils, est en vérité le pain de vie. ” Quand ils eurent partagé le pain du souvenir, symbole de la parole vivante de vérité incarnée dans la similitude de la chair mortelle, ils se rassirent tous.

En instituant ce souper du souvenir, le Maitre eut recours, comme il en avait toujours l'habitude, à des paraboles et à des symboles. Il employait des symboles parce qu'il voulait enseigner certaines grandes vérités spirituelles d'une manière qui rendrait malaisé à ses successeurs d'attacher à ses paroles des interprétations précises et des significations définies. Il cherchait ainsi à empêcher des générations successives de cristalliser son enseignement et d'immobiliser ses significations spirituelles par les chaines mortes des traditions et des dogmes. En établissant l'unique cérémonie, ou sacrement, associée à l'ensemble de la mission de sa vie, Jésus prit grand soin de suggérer ses significations plutôt que de s'en remettre à des définitions précises. Il ne souhaitait pas détruire, par l'établissement d'un cérémonial précis, le concept individuel de la communion divine, et ne voulait pas non plus limiter l'imagination spirituelle des croyants en la paralysant d'une manière formelle. Il cherchait plutôt à libérer l'âme humaine née à nouveau, afin qu'elle prenne son envol sur les ailes joyeuses d'une liberté spirituelle nouvelle et vivante.

Malgré l'effort du Maitre pour établir ainsi ce nouveau sacrement du souvenir, ses successeurs, au cours des siècles, se chargèrent de contrecarrer efficacement son désir formel de telle manière que le symbolisme spirituel simple de cette dernière soirée d'incarnation a été réduit à des interprétations strictes et enserré dans la précision presque mathématique d'une formule fixe. De tous les enseignements de Jésus, aucun n'a été plus uniformisé par la tradition.

Quand le souper du souvenir est partagé par ceux qui croient au Fils et qui connaissent Dieu, son symbolisme n'a besoin d'être associé à aucune des fausses interprétations humaines et puériles concernant la signification de la présence divine, car, en toutes ces occasions, le Maitre est réellement présent. Le souper du souvenir est le rendez-vous symbolique du croyant avec Christ Michael, le Fils Créateur de notre univers local. Quand on devient ainsi conscient de l'esprit, le Fils est effectivement présent, et son esprit fraternise avec le Fragment divin intérieur de son Père.

Après qu'ils eurent médité durant quelques moments, Jésus poursuivit : “ Quand vous ferez ces choses, souvenez-vous de la vie que j'ai vécue sur Terre parmi vous, et réjouissez-vous du fait que je vais continuer à vivre sur Terre avec vous et servir par vous. En tant qu'individus, n'ayez pas entre vous de contestations sur qui sera le plus grand. Soyez tous comme des frères. Quand le royaume aura grandi au point d'englober d'importants groupes de croyants, vous devriez également éviter la lutte pour la notoriété ou la recherche des honneurs entre ces groupes. ”

Ce grandiose évènement eut lieu dans la salle d'en haut d'un ami. Ni le souper ni la maison ne comportaient une forme sacrée ou une consécration cérémonielle. Le souper du souvenir fut établi sans approbation ecclésiastique.

Après avoir instauré le souper du souvenir, Jésus dit aux apôtres : “ Chaque fois que vous ferez cela, faites-le en souvenir de moi. Et, quand vous vous souviendrez de moi, faites d'abord un retour sur ma vie dans la chair, rappelez-vous que j'ai été jadis avec vous et, ensuite, discernez par la foi que vous souperez tous un jour avec moi dans le royaume éternel du Père. Ceci est la nouvelle Pâque que je vous laisse, le souvenir même de la vie d'effusion, la parole de vérité éternelle et de mon amour pour vous, l'effusion de mon Esprit de Vérité sur toute chair. ”

Puis ils terminèrent la célébration de l'ancienne Pâque, mais sans effusion de sang en relation avec l'inauguration du nouveau souper du souvenir en chantant tous ensemble :

Le Psaume 118

    Dites merci au Père Universel, car il est bon, et son amour est pour toujours !
    êtres humains de la Terre, dites : Oui, son amour est pour toujours !
    Famille des êtres humains, dites aussi : Oui, son amour est pour toujours !
    Vous qui respectez Dieu, dites aussi : Oui, son amour est pour toujours !
    Dans mon malheur, j'ai appelé mon Père qui est aux cieux, et il m'a répondu, il m'a rendu la liberté.
    Dieu est de mon côté, je n'ai pas peur. Que peuvent me faire les êtres humains ?
    Dieu est de mon côté, il vient à mon secours, je me réjouis du triomphe de la lumière.
    Il vaut mieux se réfugier près de Dieu que de compter sur les humains !
    Il vaut mieux se réfugier près de Dieu que de compter sur les grands de ce monde !
    Tous les peuples étrangers me menaçaient : au nom de Dieu, je leur fait face !
    Ils m'entouraient de tous côtés: au nom de Dieu, j'ai eu gain de cause !
    Ils m'environnaient comme des abeilles, ils se sont éteints comme un feu d'épines. Au nom de Dieu, je les ai vaincus !
    On m'a poussé, bousculé pour me faire tomber, mais Dieu est venu à mon aide.
    Dieu est ma force, je chante pour lui, c'est lui qui m'a sauvé !
    Écoutez les cris de joie et de victoire dans les tentes des justes : « Dieu a fait un exploit !
    Il nous a donné la victoire, Dieu a manifesté sa puissance ! »
    Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour raconter les actions de Dieu.
    Oui, Dieu m'a bien des fois corrigé, mais il ne m'a pas laissé mourir !
    Ouvrez-moi les portes de ceux qui font la Volonté de Dieu. Je vais entrer pour dire merci à Dieu.
    Voici la porte de Dieu : c'est là qu'entrent ceux qui aime Dieu !
    Mon Dieu, je t'exprime ma gratitude, car tu m'as répondu et tu m'as sauvé.
    La pierre que les bâtisseur ont rejetée est devenue la pierre principale de la maison.
    C'est Dieu qui a fait cela. Quelle action magnifique à nos yeux !
    Voici le jour que Dieu a fait. Chantons et dansons de joie pour cette journée !
    « Oh ! mon Dieu, sauve-nous ! Oh ! notre Père, donne-nous la victoire de la lumière ! »
    Il est béni celui qui vient au nom de Dieu ! Nous vous bénissons depuis sa maison.
    Dieu est le Père Universel, et il nous éclaire de sa lumière !
    Tu es mon Dieu, et je te dis merci. Mon Dieu, je reconnais ta grandeur !
    Remerciez Dieu, car il est bon, et son amour est pour toujours !

Le discours d'adieu

Après avoir chanté le psaume à la fin du Dernier Souper, les Apôtres pensèrent que Jésus avait l'intention de retourner immédiatement au camp, mais il leur fit signe de s'assoir. Le Maitre dit :

“ Vous vous souvenez bien que je vous ai une fois envoyés en mission sans bourse ni sac, et même en vous recommandant de n'emporter aucun vêtement de rechange. Et vous vous rappelez tous que vous n'avez manqué de rien. Mais, aujourd'hui, vous entrez dans une époque de troubles, et vous ne pouvez plus compter sur la bonne volonté des foules. Désormais, que celui qui a une bourse la porte sur lui. Quand vous irez dans le monde pour proclamer l'évangile, prenez, pour votre entretien, les dispositions que vous croirez les meilleures. Je suis venu apporter la paix, mais elle n'apparaîtra pas avant un certain temps.

“ L'heure de la glorification du Fils de l'Homme est maintenant venue, et le Père sera glorifié en moi. Mes amis, je ne serai plus avec vous que pour peu de temps. Bientôt, vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas, car je vais en un lieu où, pour l'heure, vous n'avez pas accès. Mais, quand vous aurez achevé votre oeuvre terrestre comme j'ai maintenant terminé la mienne, vous viendrez auprès de moi, de même que je me prépare maintenant à aller auprès de mon Père. Dans très peu de temps, je vais vous quitter, et vous ne me verrez plus sur terre, mais vous me verrez tous dans l'âge à venir quand vous vous élèverez dans le royaume que mon Père m'a donné. ”

Le nouveau commandement

Après quelques moments de conversation amicale, Jésus se leva et dit : “ Quand je vous ai présenté une parabole montrant comment vous devriez être disposés à vous servir les uns les autres, j'ai dit que je désirais vous donner un nouveau commandement; je voudrais le faire maintenant puisque je suis sur le point de vous quitter. Vous connaissez bien le commandement qui vous ordonne de vous aimer les uns les autres; que vous aimiez votre prochain comme vous-mêmes. Mais même cette dévotion sincère de la part de mes enfants ne me satisfait pas entièrement. Je voudrais vous voir accomplir des actes d'amour encore plus grands dans le royaume de la fraternité des croyants. Je vous donne donc ce nouveau commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Si vous faites cela, si vous vous aimez ainsi les uns les autres, tous les êtres humains sauront que vous êtes mes disciples. ”

“ En vous donnant ce nouveau commandement, je ne charge vos âmes d'aucun fardeau supplémentaire; je vous apporte plutôt une nouvelle joie et je vous donne la possibilité d'éprouver un nouveau plaisir en connaissant les délices d'effuser l'affection de votre coeur sur vos semblables. Même en supportant extérieurement des afflictions, je suis sur le point d'éprouver la joie suprême d'effuser mon amour sur vous et vos compagnons mortels. ”

“ Quand je vous invite à vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés, je vous présente la mesure suprême de la véritable affection, car nul ne peut avoir de plus grand amour que d'être prêt à donner sa vie pour ses amis. Or, vous êtes mes amis, et vous continuerez à l'être, pourvu que vous vouliez bien faire ce que je vous ai enseigné. Vous m'avez appelé Maitre, mais je ne vous appelle pas serviteurs. Si seulement vous vous aimez les uns les autres comme je vous aime, vous serez mes amis et je vous dirai toujours ce que le Père me révèle. ”

“ Vous ne m'avez pas simplement choisi, mais, moi aussi, je vous ai choisis, et je vous ai conféré l'ordination afin que vous alliez porter des fruits dans le monde en servant vos semblables avec amour, de même que j'ai vécu parmi vous en vous révélant le Père. Le Père et moi, nous opèrerons tous deux avec vous, et vous éprouverez la divine plénitude de la joie si seulement vous voulez obéir à mon commandement de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. ”

Si vous voulez partager la joie du Maitre, vous devez partager son amour, et partager son amour signifie que vous avez partagé son service. Cette expérience d'amour ne vous délivre pas des difficultés de ce monde; elle ne crée pas un nouveau monde, mais il est certain qu'elle rend l'ancien monde nouveau.

Souvenez-vous que c'est la fidélité, et non le sacrifice, que Jésus demande. La conscience de faire un sacrifice implique l'absence de cette affection sincère qui aurait transformé ce service expression de l'amour en une joie suprême. L'idée de devoir signifie que vous avez une mentalité de serviteur, et qu'en conséquence, vous n'éprouverez pas la joie suprême d'accomplir ce service en tant qu'ami et pour un ami. L'impulsion de l'amitié transcende toute conviction de devoir, et jamais l'on ne peut qualifier de sacrifice le service rendu à un ami par un ami. Le Maitre a enseigné aux apôtres qu'ils sont les fils de Dieu. Il les a appelés frères et, maintenant, avant de les quitter, il les appelle ses amis.

Le cep et les sarments

Ensuite, Jésus se leva de nouveau et continua à instruire ses apôtres : “ Je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur. Je suis le cep, et vous êtes les sarments. Le Père me demande seulement que vous portiez beaucoup de fruits. On n'élague le cep que pour augmenter la productivité de ses sarments. Tout sarment stérile issu de moi sera retranché par le Père. Tout sarment portant des fruits sera émondé par le Père afin qu'il donne encore plus de fruits. Vous êtes déjà purifiés par la parole que j'ai prononcée, mais vous devez continuer à être purs. Il faut que vous demeuriez en moi, et moi en vous; le sarment meurt s'il est séparé du cep. De même que le sarment ne peut porter de fruits à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même vous ne pouvez pas non plus produire les fruits du service expression de l'amour si vous ne demeurez pas en moi. Souvenez-vous : je suis le vrai cep et vous êtes les sarments vivants. Si quelqu'un vit en moi et moi en lui, il portera beaucoup de fruits de l'esprit et il éprouvera la joie suprême de produire cette moisson spirituelle. Si vous voulez maintenir ce lien spirituel vivant avec moi, vous porterez des fruits en abondance. Si vous demeurez en moi et si mes paroles demeurent en vous, vous pourrez communier librement avec moi; alors, mon esprit vivant pourra vous imprégner de telle sorte que vous serez à même de demander tout ce que mon esprit veut, et de l'accomplir avec l'assurance que le Père fera droit à notre requête. Le Père est glorifié en ceci : que le cep ait beaucoup de sarments vivants, et que chaque sarment porte beaucoup de fruits. Et, quand le monde verra ces sarments fertiles – mes amis qui s'aiment les uns les autres comme je les ai aimés – tous les êtres humains sauront que vous êtes vraiment mes disciples. ”

“ De même que le Père m'a aimé, je vous ai aimés. Vivez dans mon amour comme je vis dans l'amour du Père. Si vous faites ce que je vous ai enseigné, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé la parole du Père et que je demeure perpétuellement dans son amour. ”

Les Juifs avaient enseigné depuis longtemps que le Messie serait “ une tige issue du cep ” des ancêtres de David. En commémoration de cet ancien enseignement, un grand emblème du raisin attaché au cep décorait l'entrée du temple d'Hérode. Tous les apôtres se souvinrent de ces choses alors que leur Maitre leur parlait, ce soir-là, dans la salle du haut.

Plus tard, les conclusions du Maitre sur la prière furent faussement interprétées, et il en résulta de grands chagrins. Ces enseignements n'auraient guère provoqué de difficultés si l'on s'était rappelé les paroles exactes du Maitre et si elles avaient ensuite été transcrites correctement. Mais, d'après la manière dont l'histoire fut écrite, les croyants finirent par considérer la prière au nom de Jésus comme une sorte de magie suprême, persuadés qu'ils recevraient du Père tout ce qu'ils demanderaient ainsi. Pendant des siècles, des âmes sincères ont continué à faire naufrager leur foi contre cette pierre d'achoppement. Combien de temps faudra-t-il au monde des croyants pour comprendre que la prière n'est pas un procédé pour obtenir ce que l'on désire, mais plutôt un processus pour suivre les voies de Dieu, une expérience pour apprendre à reconnaître et à exécuter la volonté du Père ? Il est néanmoins parfaitement exact que, si votre volonté a été vraiment harmonisée avec la sienne, vous pouvez demander n'importe quelle chose conçue par cette union de volontés, et que cette chose vous sera accordée. C'est par Jésus que s'effectue cette union de volontés, de même que la vie du cep irrigue et traverse les sarments vivants.

Quand ce lien vivant existe entre la divinité et l'humanité, il se peut que l'humanité irréfléchie et ignorante prie pour ses commodités égoïstes et pour de vaniteux accomplissements; dans ce cas, il ne peut y avoir qu'une seule réponse divine : que les tiges des sarments vivants portent une plus grande quantité de fruits de l'esprit. Quand le sarment de la vigne est vivant, toutes ses requêtes ne peuvent recevoir qu'une seule réponse : produisez davantage de raisins. En fait, le sarment n'existe que pour porter des fruits et ne peut rien faire d'autre que produire des raisins. De même, le vrai croyant n'existe que pour porter les fruits de l'esprit, qui consistent à aimer les êtres humains comme les êtres humains ont été aimés par Dieu – à s'aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés.

Quand le Père étend sur le cep sa main disciplinaire, il le fait avec amour afin que les sarments portent beaucoup de fruits. Un sage cultivateur ne coupe que les branches mortes et stériles.

Jésus eut de grandes difficultés pour amener simplement ses apôtres à reconnaître que la prière est une fonction des croyants nés d'esprit, dans le royaume dominé par l'esprit.

L'inimitié du monde

Les onze venaient à peine de cesser leurs commentaires sur le discours du cep et des sarments lorsque le Maitre leur fit signe qu'il désirait continuer à leur parler. Sachant qu'il lui restait très peu de temps à vivre, il dit : “ Quand je vous aurais quittés, ne vous laissez pas décourager par l'inimitié du monde. Ne soyez pas abattus, même quand des croyants pusillanimes se retourneront contre vous et se joindront aux ennemis du royaume. Si le monde vous hait, n'oubliez pas qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez de ce monde, le monde aimerait ce qui serait sien, mais, parce que vous n'en êtes pas, le monde refuse de vous aimer. Vous êtes dans ce monde, mais vous ne devez pas vivre à sa manière. Je vous ai choisis et tirés du monde pour représenter l'esprit d'un autre monde auprès du monde même dans lequel vous avez été choisis. Mais souvenez-vous toujours de ce que je vous ai dit : le serviteur n'est pas plus grand que son Maitre. S'ils osent me persécuter, ils vous persécuteront aussi. Si mes paroles offensent les incroyants, les vôtres offenseront également les impies. Ils vous feront tout cela parce qu'ils ne croient ni en moi, ni en Celui qui m'a envoyé; vous subirez donc beaucoup de souffrances à cause de mon évangile. Mais, au cours de ces tribulations, vous devriez vous souvenir que moi aussi, j'aurais souffert avant vous à cause de cet évangile du royaume céleste. ”

“ Beaucoup de ceux qui vous attaqueront ignorent la lumière du ciel, mais ce n'est pas le cas pour certains de ceux qui nous persécutent maintenant. Si nous ne leur avions pas enseigné la vérité, ils pourraient faire bien des choses étranges sans encourir de condamnation, mais, du moment qu'ils ont connu la lumière et se sont permis de la rejeter, leur comportement n'a pas d'excuse. Quiconque me hait hait aussi mon Père. Il ne peut en être autrement : la lumière qui vous sauverait si vous l'acceptiez ne peut que vous condamner si vous la rejetez sciemment. Et qu'ai-je fait à ces êtres humains pour qu'ils me haïssent d'une haine aussi terrible ? Rien, sinon de leur avoir offert la fraternité sur Terre et le salut dans le ciel. Mais n'avez-vous pas lu dans les Écritures le verset : et ils m'ont haï sans cause ? ”

“ Mais je ne vous laisserai pas seuls dans le monde. Très peu de temps après mon départ, je vous enverrai un auxiliaire spirituel. Vous aurez auprès de vous quelqu'un qui prendra ma place parmi vous, quelqu'un qui continuera à vous enseigner la voie de la vérité et qui vous consolera. ”

“ Que votre coeur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu; continuez à croire aussi en moi. Bien que je doive vous quitter, je ne serai pas loin de vous. Je vous ai déjà dit qu'il y a beaucoup de demeures dans l'univers de mon Père. Si ce n'était pas vrai, je ne vous en aurais pas maintes fois parlé. Je vais retourner dans ces mondes de lumière, ces stations dans le ciel du Père, auxquelles vous accèderez un jour. Je suis venu de là sur ce monde et l'heure est maintenant venue où il faut que je retourne à l'oeuvre de mon Père dans les sphères supérieures. ”

“ Si je vous précède ainsi dans le royaume céleste du Père, je vous ferai certainement chercher, afin que vous soyez auprès de moi dans les lieux préparés pour les fils mortels de Dieu avant même que ce monde ne fût. Il faut que je vous quitte, mais je serai présent auprès de vous en esprit, et finalement vous serez auprès de moi en personne quand vous vous serez élevés jusqu'à moi dans mon univers, de même que je suis sur le point de m'élever auprès de mon Père dans son plus grand univers. Ce que je vous dis est éternellement vrai, bien que vous ne puissiez pas le comprendre pleinement. Je vais auprès du Père, et vous ne pouvez pas m'accompagner, mais vous me suivrez certainement dans les âges à venir. ”

Lorsque Jésus se rassit, Thomas se leva et dit : “ Maitre, nous ne savons pas où tu vas, donc, comme de juste, nous ne connaissons pas le chemin; mais nous te suivrons dès ce soir si tu veux nous le montrer. ”

Quand Jésus entendit Thomas, il répondit : “ Thomas, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au Père que par moi. Tous ceux qui trouvent le Père me trouvent, moi, d'abord. Si vous me connaissez, vous connaissez le chemin vers le Père. Or vous me connaissez, car vous avez vécu avec moi et vous me voyez maintenant. ”

Mais cet enseignement était trop profond pour beaucoup d'apôtres, et spécialement pour Philippe qui, après avoir dit quelques mots à Nathanael, se leva et dit : “ Maitre, montre-nous le Père, et tout ce que tu nous as dit deviendra clair. ”

Lorsque Philippe eut ainsi parlé, Jésus dit : “ Philippe, ai-je été si longtemps avec toi pour que même maintenant tu ne me connaisses pas ! Je déclare de nouveau que quiconque m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu alors dire : montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je sois dans le Père, et le Père en moi ? Ne vous ai-je pas enseigné que les paroles que je prononce ne sont pas mes paroles mais les paroles du Père ? Je parle pour le Père, et non de moi-même. Je suis dans ce monde pour faire la volonté du Père, et je l'ai faite. Mon Père demeure en moi et opère par moi. Croyez-moi quand je dis que le Père est en moi, et que je suis dans le Père, ou alors croyez-moi à cause de la vie même que j'ai vécue – à cause de l'oeuvre. ”

Pendant que le Maitre allait prendre un peu d'eau pour se rafraichir, les onze s'engagèrent dans une discussion animée sur ces enseignements. Pierre se préparait à s'engager dans un long discours lorsque Jésus revint et leur fit signe de s'assoir.

L'auxiliaire promis

Jésus continua à enseigner en disant : “ Quand je serai allé auprès du Père et qu'il aura pleinement accepté l'oeuvre que j'ai accomplie pour vous sur terre, et après que j'aurais reçu la souveraineté définitive sur mon propre domaine, je dirai à mon Père : " J'ai laissé mes enfants seuls sur terre, et il est conforme à ma promesse de leur envoyer un nouvel instructeur. " Et, quand le Père aura approuvé, je répandrai l'Esprit de Vérité sur toute chair. L'Esprit de mon Père se trouve déjà dans votre coeur. Quand viendra le jour de l'approbation, vous m'aurez également en vous comme vous avez maintenant le Père. Ce nouveau don est l'esprit de la vérité vivante. Les incroyants commenceront par ne pas écouter son enseignement, mais les fils de lumière le recevront de tout coeur avec bonheur. Quand cet Esprit viendra, vous le connaîtrez comme vous m'avez connu, vous recevrez ce don dans votre coeur et il demeurera avec vous. Vous percevez donc que je ne vais pas vous abandonner, sans assistance ni directives. Je ne vous laisserai pas dans la désolation. Aujourd'hui, je ne peux être auprès de vous qu'en personne. Dans les temps à venir, je serai auprès de vous et de tous les autres êtres humains qui désirent ma présence, où que vous soyez, et simultanément avec chacun de vous. Ne discernez-vous pas qu'il vaut mieux que je m'en aille, que je vous quitte corporellement, de manière à pouvoir être d'autant mieux et d'autant plus complètement avec vous en esprit ? ”

“ Dans quelques heures à peine, le monde ne me verra plus, mais vous continuerez à me connaître dans votre coeur jusqu'à ce que je vous envoie ce nouvel instructeur, l'Esprit de Vérité. De même que j'ai vécu en personne auprès de vous, je vivrai alors en vous. Je serai uni à votre expérience personnelle dans le royaume spirituel et, quand ceci se sera réalisé, vous saurez certainement que je suis dans le Père, et aussi en vous, tandis que votre vie sera enfouie en moi auprès du Père. J'ai aimé le Père et j'ai gardé sa parole; vous m'avez aimé et vous garderez ma parole. De même que mon Père m'a communiqué de son esprit, de même je vous communiquerai de mon esprit. Et cet Esprit de Vérité, que j'effuserai sur vous, vous guidera, vous consolera et, en fin de compte, vous conduira dans toute la vérité.

“ Je vous raconte ces choses pendant que je suis encore avec vous, afin que vous soyez d'autant mieux préparés à supporter les épreuves maintenant imminentes. Quand ce nouveau jour viendra, vous serez habités à la fois par le Fils et le Père, et ces dons du ciel agiront toujours l'un avec l'autre, de même que le Père et moi, nous avons oeuvré sur Terre sous vos propres yeux comme une seule personne, le Fils de l'Homme. Et cet ami spirituel vous remettra en mémoire tout ce que je vous ai enseigné. ”

Tandis que le Maitre faisait une courte pause, Judas Alphée s'enhardit à poser l'une des rares questions que lui ou son frère aient jamais adressées à Jésus en public. Judas dit : “ Maitre, tu as toujours vécu parmi nous comme un ami. Comment te connaîtrons-nous quand tu ne te manifesteras plus à nous que par cet esprit ? Si le monde ne te voit pas, comment aurons-nous une certitude à ton sujet ? Comment te manifesteras-tu à nous ? ”

Jésus promena son regard sur tous les apôtres, sourit et dit : “ Mes petits enfants, je m'en vais, je retourne auprès de mon Père. D'ici peu, vous ne me verrez plus comme ici en chair et en os. Je vous enverrai très prochainement mon esprit, qui est exactement semblable à moi, à l'exception de ce corps matériel. Ce nouvel instructeur est l'Esprit de Vérité qui vivra avec chacun de vous, dans votre coeur, et, ainsi, tous les enfants de lumière ne feront plus qu'un et seront attirés les uns vers les autres. C'est de cette manière que mon Père et moi, nous pourrons vivre dans l'âme de chacun de vous, et aussi dans le coeur de tous les autres êtres humains qui nous aiment et qui réalisent cet amour dans leurs expériences en s'aimant les uns les autres comme je vous aime maintenant. ”

Judas Alphée ne comprit pas entièrement ce que le Maitre dit, mais il saisit la promesse d'un nouvel instructeur; et, d'après l'expression du visage d'André, il perçut que sa question avait reçu une réponse satisfaisante.

L'Esprit de Vérité

Le nouvel auxiliaire que Jésus avait promis d'envoyer dans le coeur des croyants, de répandre sur toute chair, est l'Esprit de Vérité. Ce don divin n'est pas la lettre ou loi de la vérité; il n'est pas non plus destiné à opérer en tant que forme ou expression de la vérité. Le nouvel instructeur est la conviction de la vérité, la conscience et l'assurance des vraies significations sur les niveaux réellement spirituels. Il est l'esprit de la vérité vivante et croissante, de la vérité en voie d'expansion, de développement et d'adaptation.

La vérité divine est une réalité vivante discernée par l'esprit. La vérité n'existe que sur les niveaux spirituels supérieurs de la réalisation de la divinité et de la conscience de la communion avec Dieu. Vous pouvez connaître la vérité et vous pouvez vivre la vérité; vous pouvez expérimenter la croissance de la vérité dans l'âme, et jouir de la liberté que sa lumière apporte au mental; mais vous ne pouvez pas emprisonner la vérité dans des formules, des codes, des credo, ou dans des modèles intellectuels de conduite humaine. Si vous entreprenez de formuler humainement la vérité divine, elle ne tarde pas à mourir. Même en mettant les choses au mieux, le sauvetage posthume de la vérité emprisonnée ne peut aboutir qu'à réaliser une forme particulière de sagesse intellectuelle glorifiée. La vérité statique est une vérité morte, et seule la vérité morte peut être considérée comme une théorie. La vérité vivante est dynamique et ne peut jouir que d'une existence expérientielle dans le mental humain.

L'intelligence est issue d'une existence matérielle illuminée par la présence du mental cosmique. La sagesse comporte la conscience de la connaissance, élevée à des niveaux nouveaux de signification et animée par la présence du don universel de l'adjuvat de sagesse. La vérité est une valeur de réalité spirituelle dont seuls font l'expérience les êtres doués d'esprit qui fonctionnent sur des niveaux supramatériels de conscience de l'univers, et qui, après avoir réalisé la vérité, permettent à son esprit animateur de vivre et de régner dans leur âme.

Le véritable enfant doué de clairvoyance universelle recherche le vivant Esprit de Vérité dans toute parole de sagesse. L'individu qui connaît Dieu élève constamment la sagesse à des niveaux de vérité vivante d'aboutissement divin; l'âme spirituellement routinière abaisse constamment la vérité vivante aux niveaux stagnants de la sagesse et dans le domaine d'une simple exaltation de la connaissance.

Quand la règle d'or est dépourvue de la clairvoyance supra humaine de l'Esprit de Vérité, elle n'est rien de plus qu'une règle de conduite hautement éthique. Quand la règle d'or est interprétée à la lettre, elle peut devenir un instrument outrageant pour vos compagnons. Si vous ne discernez pas par l'esprit la règle d'or de la sagesse, vous pouvez tenir le raisonnement suivant : qu'étant donné que vous désirez que tous les êtres humains vous disent pleinement et franchement le fond de leur pensée, vous devriez, en conséquence, leur dire pleinement et franchement le fond de la vôtre. Une interprétation aussi peu spirituelle de la règle d'or pourrait aboutir à des malheurs indicibles et à des chagrins sans fin.

Certaines personnes discernent et interprètent la règle d'or comme une affirmation purement intellectuelle de la fraternité humaine. D'autres éprouvent cette expression des relations humaines comme une satisfaction émotive des tendres sentiments de la personnalité humaine. D'autres mortels prennent la règle d'or comme étalon pour mesurer toutes les relations sociales, le critère de la conduite sociale. D'autres encore la considèrent comme l'injonction positive d'un grand instructeur moral qui a incorporé dans cette formule le plus haut concept d'obligation morale concernant toutes les relations fraternelles. Dans la vie de ces êtres moraux, la règle d'or devient le centre de leur sagesse et la circonférence de toute leur philosophie.

Au royaume de la fraternité croyante de ceux qui aiment la vérité et connaissent Dieu, la règle d'or revêt des qualités vivantes de réalisation spirituelle sur ces niveaux supérieurs d'interprétation qui amènent les fils mortels de Dieu à considérer cette injonction du Maitre comme requérant d'eux qu'ils se situent par rapport à leurs semblables de telle manière que ceux-ci recevront le plus grand bien possible de leur contact avec les croyants. Ceci est l'essence de la vraie religion : que vous aimiez votre prochain comme vous-mêmes.

Mais la réalisation la plus élevée et l'interprétation la plus vraie de la règle d'or réside dans la conscience de l'esprit de la vérité de la réalité vivante et durable d'une telle déclaration divine. La vraie signification cosmique de cette règle de relations universelles ne se révèle que dans sa réalisation spirituelle, dans l'interprétation de la loi de conduite par l'esprit du Fils envers l'esprit du Père qui habite l'âme du mortel. Quand les mortels ainsi dirigés par l'esprit réalisent la véritable signification de cette règle d'or, ils débordent de l'assurance qu'ils sont citoyens d'un univers amical, et leurs idéaux de réalité d'esprit ne sont satisfaits que s'ils aiment leurs semblables comme Jésus nous a tous aimés. Telle est la réalité de la réalisation de l'amour de Dieu.

Cette même philosophie de flexibilité vivante et d'adaptabilité cosmique de la vérité divine aux besoins et à la capacité de chaque fils et fille de Dieu doit être perçue avant que vous ne puissiez espérer comprendre convenablement l'enseignement et la pratique du Maitre concernant la non-résistance au mal. L'enseignement du Maitre est fondamentalement une proclamation spirituelle. Même les implications matérielles de sa philosophie ne sauraient être utilement prises en considération en dehors de leurs corollaires spirituels. L'esprit de l'injonction du Maitre consiste à ne pas opposer de résistance aux réactions égoïstes envers l'univers, et en même temps à atteindre dynamiquement et progressivement les niveaux de droiture où se situent les vraies valeurs d'esprit : la beauté divine, la bonté infinie et la vérité éternelle – connaître Dieu et lui devenir semblable de plus en plus.

L'amour, le désintéressement, doit constamment subir une vivante réadaptation interprétative des relations conforme aux directives de l'Esprit de Vérité. Il faut que l'amour saisisse ainsi les concepts toujours changeants et plus étendus du bien cosmique le plus élevé pour la personne qui est aimée. Ensuite, l'amour continue en observant cette même attitude envers toutes les autres personnes susceptibles d'être influencées par les rapports vivants et croissants de l'amour d'un mortel dirigé par l'esprit pour d'autres citoyens de l'univers. Toute cette adaptation vivante de l'amour doit être effectuée en tenant compte à la fois de la présence du mal ambiant, et du but éternel de perfection de la destinée divine.

Il vous faut donc clairement reconnaître que ni la règle d'or ni l'enseignement de la non-résistance ne peuvent être correctement compris en tant que dogmes ou préceptes. Ils ne peuvent être compris qu'en les vivant, en réalisant leur signification dans l'interprétation vivante de l'Esprit de Vérité qui ordonne les contacts affectueux entre humains.

Et tout cela implique clairement la différence entre l'ancienne religion et la nouvelle. L'ancienne enseignait le sacrifice de soi; la nouvelle enseigne seulement l'oubli de soi, la réalisation de soi mise en valeur dans un service social associé à la compréhension de l'univers. L'ancienne religion était motivée par la conscience de la peur. Le nouvel évangile du royaume est dominé par la conviction de la vérité, l'esprit de la vérité éternelle et universelle. Dans l'expérience de vie des croyants au royaume, aucune somme de piété ou de fidélité à un credo ne peut compenser l'absence de la bienveillance spontanée, généreuse et sincère, qui caractérise les fils du Dieu vivant nés d'esprit. Ni la tradition, ni un système cérémoniel de culte officiel ne peuvent compenser le manque de compassion sincère pour vos semblables.

La nécessité du départ

Après que Pierre, Jacques, Jean et Matthieu eurent posé au Maitre de nombreuses questions, il continua son discours d'adieu en disant : “ Je vous raconte tout cela avant de vous quitter, afin que vous soyez suffisamment préparés à ce qui va vous arriver pour ne pas commettre de graves erreurs. Les autorités ne se contenteront pas de vous expulser des synagogues. Je vous préviens que l'heure approche où ceux qui vous tueront croiront rendre service à Dieu. Ils vous traiteront ainsi, vous et tous ceux que vous conduisez dans le royaume des cieux, parce qu'ils ne connaissent pas le Père. Ils ont refusé de connaître le Père en refusant de me recevoir, et ils refusent de me recevoir quand ils vous rejettent, à condition que vous ayez gardé mon nouveau commandement de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Je vous annonce ces choses d'avance, afin qu'au moment où votre heure viendra, comme la mienne est maintenant venue, vous soyez fortifiés par la connaissance que je savais tout cela et que mon esprit vous accompagnera dans tout ce que vous souffrirez à cause de moi et de l'évangile. C'est pourquoi, je vous ai parlé si explicitement depuis le commencement. Je vous ai même avertis qu'un être humain pourra avoir pour ennemis les membres de sa propre famille. Bien que cet évangile du royaume ne manque jamais d'apporter une grande paix dans l'âme individuelle des croyants, il n'apportera pas la paix sur Terre avant que les êtres humains ne soient disposés à croire de tout leur coeur à mes enseignements et à instaurer la pratique de faire la volonté du Père comme but principal de leur vie de mortels. ”

“ Maintenant que je vous quitte, puisque l'heure est venue pour moi de retourner auprès du Père, je suis étonné qu'aucun de vous ne m'ait demandé pourquoi je vous quitte. Néanmoins, je sais que, dans votre coeur, vous vous posez cette question et je vous en parlerai clairement comme on se parle entre amis. Il est réellement profitable pour vous que je m'en aille. Si je ne m'en vais pas, le nouvel instructeur ne peut venir dans votre coeur. Il faut que je sois dépouillé de ce corps mortel et rétabli à ma place au ciel avant de pouvoir envoyer cet instructeur spirituel vivre dans votre âme et conduire votre esprit dans la vérité. Quand mon esprit viendra demeurer en vous, il jettera de la lumière sur la différence entre le péché et la droiture, et vous rendra capable de juger sagement dans votre coeur à leur sujet. ”

“ J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez en supporter plus à présent. Toutefois, quand l'Esprit de Vérité viendra, il vous guidera, en fin de compte, dans toute la vérité, à mesure que vous passerez par les nombreuses demeures de l'univers de mon Père. ”

“ Cet esprit ne parlera pas de lui-même, mais il vous déclarera ce que le Père aura révélé au Fils et vous fera même connaître des évènements futurs; il me glorifiera comme j'ai glorifié mon Père. Cet esprit est issu de moi et vous révèlera ma vérité. Tout ce que le Père possède dans ce domaine est désormais mien; c'est pourquoi je vous ai dit que le nouvel instructeur puiserait dans ce qui est mien et vous le révèlerait. ”

“ Très prochainement, je vous quitterai pour un peu de temps. Après cela, quand vous me reverrez, je serai déjà sur mon chemin vers le Père, de sorte que, même alors, vous ne me verrez pas longtemps. ”

Pendant que Jésus faisait une courte pause, les apôtres se mirent à parler entre eux en disant : “ Qu'est-ce qu'il nous raconte ? « Très prochainement je vais vous quitter, et, quand vous me reverrez, ce ne sera pas pour longtemps, car je serai sur mon chemin vers le Père. » Que veut-il dire par « très prochainement » et par « pas longtemps » ? Nous ne pouvons comprendre ce qu'il nous dit. ”

Sachant qu'ils se posaient ces questions, Jésus dit : “ Cherchez-vous à comprendre ce que j'ai voulu dire quand j'ai annoncé que, très prochainement, je ne serai plus avec vous, et qu'au moment où vous me reverrez, je serai en chemin vers le Père ? Je vous ai clairement dit que le Fils de l'Homme doit mourir, mais qu'il ressuscitera. Ne pouvez-vous donc discerner la signification de mes paroles ? Vous aurez d'abord du chagrin, mais, plus tard, vous vous réjouirez avec nombre de personnes qui comprendront ces évènements après qu'ils se seront produits. En vérité, une femme est anxieuse à l'heure de son enfantement, mais, une fois qu'elle a été délivrée de son enfant, elle oublie immédiatement son angoisse dans la joie de savoir qu'un être humain est né dans le monde. De même, vous allez vous attrister de mon départ, mais je vous reverrai bientôt, et alors votre chagrin se transformera en joie, et vous recevrez une nouvelle révélation du salut de Dieu, une révélation que nul ne pourra jamais vous enlever. Tous les mondes seront bénis dans cette révélation de la vie triomphant de la mort. Jusqu'ici, vous avez formulé toutes vos requêtes au nom du Père. Après que vous m'aurez revu, vous pourrez aussi demander en mon nom, et je vous entendrai. ”

“ Ici bas, je vous ai enseigné par proverbes et parlé en paraboles. Je l'ai fait parce que spirituellement vous n'étiez que des enfants; mais l'heure vient où je vous parlerai sans ambages du Père et de son royaume. Je le ferai parce que le Père lui-même vous aime et désire vous être plus pleinement révélé. L'être humain mortel ne peut voir le Père qui est esprit; c'est pourquoi je suis venu dans ce monde pour montrer le Père à vos yeux de créatures. Mais, quand votre croissance spirituelle sera accomplie, vous verrez alors le Père lui-même. ”

Après avoir entendu parler Jésus, les onze se dirent les uns aux autres : “ Voici, il nous parle clairement. Le Maitre est sûrement venu de Dieu. Mais pourquoi dit-il qu'il doit retourner auprès du Père ? ” Jésus vit que, même alors, ils ne le comprenaient pas. Ces onze êtres humains n'arrivaient pas à s'écarter des idées qu'ils avaient entretenues si longtemps sur le concept juif du Messie. Plus ils croyaient pleinement en Jésus en tant que Messie, plus leurs notions profondément enracinées, concernant le glorieux triomphe matériel sur terre du royaume, devenaient embarrassantes.

Ultimes exhortations et avertissements

Après la conclusion du discours d'adieu aux onze, Jésus s'entretint familièrement avec eux et rappela maintes expériences qui les concernaient individuellement et collectivement. Ces Galiléens commençaient enfin à entrevoir que leur ami et instructeur allait les quitter, et leur espoir s'accrochait à la promesse qu'après un court laps de temps, il serait de nouveau avec eux, mais ils avaient tendance à oublier que cette visite de retour ne durerait, elle aussi, que peu de temps. La plupart des apôtres et les principaux disciples croyaient réellement que cette promesse de revenir pour peu de temps (le bref intervalle entre la résurrection et l'ascension) indiquait que Jésus s'en allait simplement pour un bref entretien avec son Père, après quoi, il reviendrait pour établir le royaume. Cette interprétation de son enseignement cadrait à la fois avec leurs idées préconçues et avec leurs ardentes espérances. Dès lors que les croyances de toute leur vie et leurs espoirs de voir leurs souhaits réalisés concordaient, il n'était guère difficile aux apôtres de trouver une interprétation des paroles du Maitre qui justifierait leurs intenses désirs.

Après que les apôtres eurent analysé le discours d'adieu et commencé à l'assimiler, Jésus demanda de nouveau l'attention des apôtres et commença à leur communiquer ses ultimes exhortations et avertissements.

Dernières paroles de réconfort

Quand les onze eurent repris leur place, Jésus se leva et leur dit : “ Tant que je suis avec vous dans la chair, je ne peux être qu'un individu parmi vous ou dans le monde entier. Mais, quand j'aurais été délivré de ce corps de nature mortelle, je serai en mesure de revenir en tant qu'esprit habitant chez chacun de vous et chez tous les autres croyants à l'évangile du royaume. De cette manière, le Fils de l'Homme deviendra une incarnation spirituelle dans l'âme de tous les vrais croyants.

“ Quand je serai revenu vivre en vous et oeuvrer à travers vous, je pourrai d'autant mieux continuer à vous conduire dans cette vie et vous guider dans la vie future à travers les nombreuses demeures dans le ciel des cieux. La vie dans la création éternelle du Père n'est pas un repos sans fin dans l'oisiveté et un confort égoïste, mais plutôt une incessante progression en grâce, en vérité et en gloire. Chacun des nombreux, des très nombreux postes dans la maison de mon Père est une halte, une vie destinée à vous préparer à la suivante. Les enfants de lumière iront ainsi de gloire en gloire, jusqu'à ce qu'ils atteignent l'état divin où ils seront spirituellement rendus parfaits comme le Père est parfait en toutes choses. ”

“ Si vous voulez me suivre quand je vous quitterai, faites des efforts sérieux pour vivre conformément à l'esprit de mes enseignements et à l'idéal de ma vie – à l'accomplissement de la volonté de mon Père. Faites cela au lieu d'essayer d'imiter le cours naturel de ma vie d'incarnation telle que j'ai été tenu, par nécessité, de la vivre sur ce monde. ”

“ Le Père m'a envoyé dans ce monde, mais seul un petit nombre a choisi de me recevoir pleinement. Je répandrai mon esprit sur toute chair, mais les êtres humains ne choisiront pas tous de recevoir ce nouvel instructeur comme guide et conseiller de leur âme. Mais tous ceux qui le recevront seront illuminés, purifiés et réconfortés. Et cet esprit de vérité deviendra en eux une source d'eau vive qui jaillira jusque dans la vie éternelle. ”

“ Et, maintenant, au moment de vous quitter, je voudrais prononcer des paroles de réconfort. Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je vous fais ces dons non à la manière du monde – parcimonieusement; je donne à chacun de vous tout ce qu'il veut recevoir. Que votre coeur ne se trouble pas et ne craigne pas. J'ai vaincu le monde, et en moi vous triompherez tous par la foi. Je vous ai prévenus que le Fils de l'Homme va être tué, mais je vous assure que je reviendrai avant d'aller auprès du Père, bien que ce ne soit que pour peu de temps. Et, après mon ascension auprès du Père, je vous enverrai certainement le nouvel instructeur, afin qu'il vous accompagne et habite dans votre coeur. Quand vous verrez ces évènements se produire, n'ayez pas de crainte, mais croyez plutôt, d'autant plus que vous les aurez connus d'avance. Je vous ai aimés d'une grande affection, et je ne voudrais pas vous quitter, mais telle est la volonté de mon Père. Mon heure est venue. ”

“ Ne doutez d'aucune de ces vérités, même quand vous serez dispersés par les persécutions et abattus par de nombreux chagrins. Quand vous vous sentirez seuls dans le monde, je connaîtrai votre isolement, de même que vous connaîtrez le mien quand vous serez dispersés chacun de votre côté, en laissant le Fils de l'Homme aux mains de ses ennemis. Mais je ne suis jamais seul; le Père est toujours avec moi. Même à ce moment-là, je prierai pour vous. Je vous ai dit tout cela pour que vous puissiez avoir la paix et l'avoir plus abondamment. Vous aurez des tribulations ici-bas, mais ayez bon courage; j'ai triomphé dans le monde et je vous ai montré le chemin de la joie éternelle et du service perpétuel. ”

Jésus donne la paix à ceux qui accomplissent avec lui la Volonté de Dieu, mais celle-ci n'est pas semblable aux joies et satisfactions matérielles. Les matérialistes et les fatalistes incroyants ne peuvent espérer que deux sortes de paix et de consolations de l'âme : ou bien ils doivent être stoïques, déterminés à faire face, avec une résolution inébranlable, à l'inévitable et à endurer le pire, ou bien ils doivent être optimistes et s'abandonner indéfiniment à l'espoir qui jaillit éternellement dans le sein des êtres humains aspirant en vain à une paix qui ne vient jamais réellement.

Une certaine somme de stoïcisme et d'optimisme sont utiles pour vivre une vie sur Terre, mais aucun des deux ne peut se comparer à cette paix magnifique que le Fils de Dieu effuse sur ses frères incarnés. La paix que Michael donne à ses enfants terrestres est celle-là même qui a rempli sa propre âme quand il a vécu lui-même la vie mortelle dans la chair précisément sur ce monde. La paix de Jésus est la joie et la satisfaction d'une personne connaissant Dieu, et qui est parvenue au triomphe d'apprendre pleinement à faire la Volonté de Dieu tout en vivant la vie d'un mortel incarné. La paix mentale de Jésus était fondée sur une foi humaine absolue en l'actualité de la diligence, pleine de sagesse et de compassion, du Père divin. Jésus rencontra des difficultés sur Terre, et fut même appelé à tort “ l'homme de douleurs ”, mais, dans toutes ces expériences et à travers elles, il bénéficia du réconfort de cette confiance qui lui permit toujours de poursuivre le but de sa vie avec la pleine assurance qu'il accomplissait la volonté du Père.

Jésus était résolu, persévérant et entièrement dévoué à l'exécution de sa mission, mais il n'était pas un stoïque insensible et endurci. Il recherchait toujours les aspects encourageants de ses expériences de vie, mais n'était pas un optimiste aveugle se leurrant lui-même. Le Maitre savait tout ce qui l'attendait et ne le redoutait pas. Après avoir effusé sa paix sur chacun de ses disciples, il pouvait à juste titre leur dire : “ Que votre coeur ne se trouble pas et ne craigne pas. ”

La paix de Jésus est donc la paix et l'assurance d'un fils qui croit fermement que sa carrière dans le temps et l'éternité est entièrement en sécurité sous la garde et la surveillance d'un Père esprit infiniment sage, aimant et puissant. C'est en vérité une paix qui transcende toute compréhension d'un mental humain, mais qu'un coeur humain peut savourer pleinement.

Exhortations individuelles d'adieu

Le Maitre avait fini de donner ses instructions d'adieu et de communiquer ses ultimes exhortations à ses apôtres en tant que groupe. Il leur dit alors au revoir individuellement, donnant à chacun quelques conseils personnels en même temps que sa bénédiction de départ. Les apôtres étaient encore assis autour de la table dans l'ordre où ils s'étaient installés au début pour partager le Dernier Souper. Le Maitre tourna autour de la table pour leur parler successivement, et chacun d'eux se leva quand Jésus s'adressa à lui.

À Jean, Jésus dit : “ Toi, Jean, tu es le plus jeune de mes frères. Tu as été très proche de moi. Je vous aime tous de l'amour qu'un père effuse sur ses fils, mais tu as été désigné par André comme l'un des trois qui devaient constamment rester auprès de moi. En outre, tu as agi en mon nom en beaucoup d'affaires concernant ma famille terrestre, et il faut que tu continues à le faire. Jean, je vais auprès du Père en ayant pleine confiance que tu continueras à protéger ceux qui sont miens par les liens de la chair. Veille à ce que leur présent désarroi au sujet de ma mission ne t'empêche en rien de leur accorder toute la sympathie, les conseils et l'aide nécessaires, comme tu sais que je le ferais si je restais incarné. Et, quand ils parviendront tous à voir la lumière et à entrer pleinement dans le royaume, et que vous les recevrez tous joyeusement, je compte sur toi, Jean, pour leur souhaiter la bienvenue de ma part.

“ Maintenant que j'en arrive aux heures finales de ma carrière terrestre, reste toujours à proximité de moi pour que je puisse te laisser quelque message concernant ma famille. Quant à l'oeuvre que le Père m'a confiée, elle est maintenant achevée, sauf en ce qui concerne ma mort charnelle, et je suis prêt à boire cette dernière coupe. Quant aux responsabilités que m'a laissées mon père terrestre Joseph, je les ai assumées durant ma vie, mais il faut maintenant que je compte sur toi pour agir à ma place en toutes ces affaires. Je t'ai choisi pour le faire, Jean, parce que tu es le plus jeune, et qu'en conséquence il est très probable que tu vivras plus longtemps que les autres apôtres.

“ Jadis, nous t'avons donné, à toi et à ton frère, le surnom de fils du tonnerre. En débutant avec nous, tu étais autoritaire et intolérant, mais tu as beaucoup changé depuis le jour où tu voulais que je fasse descendre le feu du ciel sur la tête d'incroyants écervelés et ignorants. Il faut que tu changes encore davantage. Tu devrais devenir l'apôtre du nouveau commandement que je vous ai donné ce soir. Consacre ta vie à apprendre à tes frères à s'aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. ”

Tandis que Jean Zébédée se tenait là, debout dans la salle du haut, avec des larmes coulant le long de ses joues, il regarda le Maitre en face et dit : “ Je vais le faire, mon Maitre, mais comment puis-je apprendre à aimer davantage mes frères ? ” Et Jésus répondit alors : “ Tu apprendras à mieux aimer tes frères en apprenant d'abord à aimer davantage leur Père qui est aux cieux, et après t'être réellement plus intéressé à leur bien-être dans le temps et l'éternité. Et tout intérêt humain de ce genre est nourri par une sympathie compréhensive, un service désintéressé et un pardon sans bornes. Nul ne devrait te traiter avec dédain à cause de ta jeunesse, mais je t'exhorte à toujours considérer dument le fait que l'âge représente bien souvent l'expérience et que, dans les affaires humaines, rien ne peut remplacer l'expérience effective. Efforce-toi de vivre en paix avec tout le monde, et spécialement avec tes amis dans la fraternité du royaume céleste. Et puis, Jean, rappelle-toi toujours qu'il ne faut pas lutter avec les âmes que tu voudrais gagner au royaume. ”

Ensuite, le Maitre contourna son propre siège et s'arrêta un instant à côté de la place vide de Judas Iscariot. Les apôtres étaient plutôt surpris de voir que Judas n'était pas encore rentré, et ils étaient fort curieux de connaître la signification de l'expression de tristesse sur le visage de Jésus, debout à côté du siège vide du traitre. Mais nul d'entre eux, sauf peut-être André, ne soupçonnait le moins du monde que leur trésorier était sorti pour trahir son Maitre, comme Jésus le leur avait laissé entendre auparavant dans la soirée et pendant le souper. Il s'était passé tant de choses depuis lors que, pour l'instant, les apôtres avaient complètement oublié la déclaration de Jésus que l'un d'eux le trahirait.

Jésus s'approcha ensuite de Simon Zélotès, qui se leva pour écouter l'exhortation suivante : “ Tu es un vrai fils d'Abraham, mais quelle peine j'ai eue à faire de toi un fils du royaume céleste. Je t'aime, et tous tes frères t'aiment également. Je sais que tu m'aimes, Simon, et que tu aimes aussi le royaume, mais tu as encore l'idée fixe de faire advenir ce royaume conformément à tes gouts. Je sais bien que tu finiras par saisir la nature et la signification spirituelles de mon évangile, et que tu travailleras courageusement à le proclamer, mais je suis désolé de ce qui pourrait t'arriver après mon départ. Je me réjouirais de savoir que tu ne chancelleras pas. Je serais heureux si je pouvais savoir qu'après mon retour auprès du Père tu ne cesseras pas d'être mon apôtre, et que tu te comporteras acceptablement comme un ambassadeur du royaume céleste. ”

À peine Jésus avait-il fini de parler à Simon Zélotès que le fougueux patriote, essuyant les larmes de ses yeux, répondit : “ Maitre, ne crains rien pour ma fidélité. J'ai tourné le dos à tout pour pouvoir consacrer ma vie à l'établissement de ton royaume sur terre, et je ne chancellerai pas. Jusqu'ici, j'ai survécu à toutes les déceptions et je ne t'abandonnerai pas. ”

Alors, posant la main sur l'épaule de Simon, Jésus dit : “ En vérité, il est réconfortant de t'entendre parler ainsi, spécialement à un moment comme celui-ci, mais, mon bon ami, tu ne sais pas encore de quoi tu parles. Je ne doute pas un instant de ta fidélité, de ta dévotion. Je sais que tu n'hésiterais pas à te lancer dans la bataille et à mourir pour moi, comme le feraient tous tes compagnons (et ils approuvèrent tous vigoureusement d'un signe de tête), mais cela ne te sera pas demandé. Je t'ai maintes fois répété que mon royaume n'est pas de ce monde et que mes disciples ne se battront pas pour l'établir. Je t'ai dit ceci bien des fois, Simon, mais tu refuses de regarder la vérité en face. Je ne suis pas inquiet au sujet de ta fidélité envers moi et le royaume, mais que vas-tu faire quand je serai parti et qu'enfin, ta pensée s'éveillera et réalisera que tu n'avais pas saisi la signification de mon enseignement et qu'il te faut réadapter tes fausses interprétations à la réalité d'un ordre spirituel différent des affaires du royaume ? ”

Simon voulut encore parler, mais Jésus leva la main pour l'arrêter et continua : “ Aucun de mes apôtres n'a un coeur plus sincère et honnête que le tien, mais, après mon départ, aucun ne sera plus bouleversé et plus désespéré que toi. Dans tout ton découragement, mon esprit habitera en toi, et tes frères que voici ne t'abandonneront pas. N'oublie pas ce que je t'ai enseigné au sujet des rapports entre la citoyenneté sur Terre et la filiation dans le royaume spirituel du Père. Réfléchis bien à tout ce que je t'ai dit sur la nécessité de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Consacre ta vie, Simon, à montrer qu'un mortel peut convenablement accomplir mon injonction de reconnaître simultanément le devoir temporel envers le pouvoir civil et le service spirituel dans la fraternité du royaume. Si tu acceptes d'être enseigné par l'Esprit de Vérité, il n'y aura jamais de conflit entre les exigences de la citoyenneté terrestre et celles de ta filiation céleste, à moins que les chefs temporels ne prétendent exiger de toi l'hommage et l'adoration qui n'appartiennent qu'à Dieu. ”

“ Et, maintenant, Simon, quand tu finiras par voir tout cela, que tu auras secoué ta dépression et que tu seras parti proclamer l'évangile avec grande autorité, n'oublie jamais que je t'aurais accompagné pendant toute ta période de découragement, et que je t'accompagnerai jusqu'au bout. Tu seras toujours mon apôtre. Après que tu auras accepté de voir par l'oeil de l'esprit et d'abandonner plus complètement ta volonté à la volonté du Père qui est aux cieux, tu redeviendras alors mon ambassadeur actif, et nul ne prendra prétexte de ta lenteur à comprendre les vérités que je t'ai enseignées pour t'enlever l'autorité que je t'ai conférée. Donc, Simon, je t'avertis une fois de plus que ceux qui combattent par l'épée périssent par l'épée, tandis que ceux qui oeuvrent dans l'esprit obtiennent la vie éternelle dans le royaume à venir, ainsi que la joie et la paix dans le royaume présent. Quand la mission qui t'est confiée sera achevée sur Terre, toi, Simon, tu siègeras avec moi dans mon royaume de l'Au-delà. Tu verras réellement le royaume que tu as ardemment désiré, mais pas au cours de cette vie. Continue à croire en moi et en ce que je t'ai révélé, et tu recevras le don de la vie éternelle. ”

Quand Jésus eut fini de parler à Simon Zélotès, il alla vers Matthieu Lévi et dit : “ Il ne t'incombera plus d'assurer la trésorerie du groupe apostolique. Bientôt, très bientôt, vous serez tous dispersés. Il ne vous sera même plus permis de jouir de l'association consolante et réconfortante d'un seul de vos frères apôtres. En poursuivant la prédication de l'évangile du royaume, il vous faudra trouver chacun de nouveaux associés. Je vous ai envoyés deux par deux pendant la durée de votre formation, mais, maintenant que je vous quitte; et, après que vous serez remis du choc, vous irez seuls, jusqu'aux confins de la terre, proclamer cette bonne nouvelle que les mortels vivifiés par la foi sont les fils et les filles de Dieu. ”

Alors, Matthieu dit : “ Mais, Maitre, qui va nous envoyer et comment saurons-nous où aller ? André nous indiquera-t-il le chemin ? ” Et Jésus répondit : “ Non, Lévi, André ne vous donnera plus de directives pour proclamer l'évangile. Il continuera en réalité à être votre ami et votre conseiller jusqu'au jour où vous viendra le nouvel instructeur, et, alors, l'Esprit de Vérité vous conduira chacun au loin pour travailler à l'expansion du royaume. Tu as subi beaucoup de transformations depuis le jour où tu te trouvais au bureau de la douane et où tu pris la décision de me suivre; mais il faut que tu en subisses encore beaucoup d'autres avant que tu puisses avoir la vision d'une fraternité où les Gentils siègeront avec les Juifs dans une association fraternelle. Continue à répondre au besoin que tu éprouves à gagner tes compatriotes juifs au royaume jusqu'à ce que tu sois pleinement satisfait, et, ensuite, tourne-toi avec autorité vers les Gentils. Lévi, tu peux être certain d'une chose, c'est que tu as gagné la confiance et l'affection de tes frères; ils t'aiment tous. ” (Et tous les dix firent signe qu'ils acquiesçaient aux paroles du Maitre.)

“ Lévi, je suis au courant de bien des choses que tes frères ignorent concernant tes soucis, tes sacrifices et tes efforts pour assurer la trésorerie du groupe. Bien que celui qui portait la bourse soit absent, je me réjouis de ce que l'ambassadeur publicain soit ici, à ma réunion d'adieu, avec les messagers du royaume. Je prie pour que tu puisses discerner la signification de mon enseignement avec les yeux de l'esprit. Quand le nouvel instructeur viendra dans ton coeur, suis-le où il te conduira et fais voir à tes frères – et même au monde entier – ce que le Père peut faire pour un collecteur d'impôts détesté qui a osé suivre le Fils de l'Homme et croire à l'évangile du royaume. Dès le début, Lévi, je t'ai aimé comme j'ai aimé ces autres Galiléens. Puisque tu sais si bien que ni le Père ni le Fils ne font acception de personnes, veille à ne pas faire de distinction de cet ordre parmi ceux qui se mettront à croire à l'évangile grâce à ton ministère. Donc, Matthieu, consacre toute ta future vie de service à montrer aux êtres humains que Dieu ne fait pas acception de personnes et, qu'aux yeux de Dieu et dans la communauté du royaume, tous les êtres humains sont égaux, tous les croyants sont les fils et les filles de Dieu. ”

Ensuite, Jésus alla vers Jacques Zébédée, qui se tint debout en silence, tandis que le Maitre s'adressait à lui en disant : “ Jacques, lorsque toi et ton jeune frère, vous êtes venus un jour vers moi en recherchant une préférence dans les honneurs du royaume, je vous ai dit qu'il appartenait au Père d'attribuer ces honneurs, et je vous ai demandé si vous étiez capables de boire ma coupe; vous m'avez tous deux répondu que vous l'étiez. Même si vous ne l'étiez pas alors et si vous n'en êtes pas encore capables aujourd'hui, vous serez bientôt préparés à ce service grâce à l'expérience par laquelle vous allez prochainement passer. Tu as irrité tes frères, à l'époque, par une telle conduite. S'ils ne t'ont pas déjà entièrement pardonné, ils le feront quand ils te verront boire ma coupe. Que ton ministère soit long ou court, domine ton âme avec patience. Quand le nouvel instructeur viendra, laisse-le t'enseigner l'équilibre de la compassion et la tolérance sympathisante née d'une sublime confiance en moi et d'une parfaite soumission à la volonté du Père. Consacre ta vie à démontrer la conjugaison de l'affection humaine et de la dignité divine d'un disciple qui connaît Dieu et croit au Fils. Tous ceux qui vivent ainsi révèleront l'évangile, même par leur manière de mourir. Toi et ton frère Jean, vous suivrez des chemins différents, et il se peut que l'un de vous siège avec moi bien avant l'autre dans le royaume éternel. Cela t'aiderait beaucoup si tu voulais apprendre que la vraie sagesse inclut le discernement aussi bien que le courage. Tu devrais apprendre que la sagacité doit accompagner l'agressivité. Ils viendront ces moments suprêmes où mes disciples n'hésiteront pas à sacrifier leur vie pour l'évangile, mais, dans toutes les circonstances ordinaires, il vaudrait beaucoup mieux apaiser le courroux des incroyants, afin de pouvoir vivre et continuer à prêcher la bonne nouvelle. Dans la mesure où tu le peux, vis longtemps sur Terre, afin qu'au cours de tes longues années, tu puisses gagner de nombreuses âmes au royaume céleste. ”

Quand le Maitre eut fini de parler à Jacques Zébédée, il contourna la table jusqu'à l'extrémité où se trouvait André, regarda son fidèle assistant bien dans les yeux et lui dit : “ André, tu m'as fidèlement représenté en tant que chef en fonction des ambassadeurs du royaume céleste. Bien que tu aies parfois douté et parfois manifesté une timidité dangereuse, tu as néanmoins toujours été sincèrement juste et éminemment équitable dans tes rapports avec tes associés. Depuis ton ordination et celle de tes frères comme messagers du royaume, vous avez agi de manière autonome dans toutes les affaires administratives du groupe, sauf que je t'ai désigné comme chef en fonction de ces êtres humains choisis. Dans aucun autre domaine temporel je n'ai agi pour te commander ou influencer tes décisions. Je m'en suis abstenu en vue de préparer quelqu'un à diriger vos délibérations collectives ultérieures. Dans mon univers, comme dans l'univers des univers de mon Père, nos fils-frères sont traités en tant qu'individus dans tous leurs rapports spirituels, mais, dans tous les rapports collectifs, nous établissons invariablement une fonction précise de commandement. Notre royaume est un domaine ordonné et, quand deux ou plusieurs créatures volitives agissent en coopération, l'autorité d'un chef est toujours prévue. ”

“ Et, maintenant, André, puisque tu es le chef de tes frères, en vertu de l'autorité que je t'ai conférée, puisque tu m'as ainsi servi de représentant personnel et puisque je vais vous quitter pour aller auprès de mon Père, je te libère de toute responsabilité concernant ces affaires temporelles et administratives. Désormais, tu n'exerceras plus de juridiction sur tes frères en dehors de celle que tu as gagnée en tant que chef spirituel, et que tes frères reconnaissent donc librement. Dorénavant, tu n'as plus le droit d'exercer ton autorité sur tes frères, à moins qu'ils ne te la restituent par un acte législatif formel et précis après que je serai retourné auprès du Père. Toutefois, le fait d'être libéré de toute responsabilité, en tant que chef administratif de ce groupe, ne diminue en rien ta responsabilité morale de faire tout ce qui sera en ton pouvoir pour maintenir la cohésion de tes frères avec fermeté et amour durant les heures éprouvantes qui vont arriver incessamment; il s'agit des journées qui doivent intervenir entre mon départ, en tant qu'être charnel, et l'envoi du nouvel instructeur qui vivra dans votre coeur et vous conduira finalement dans toute la vérité. Au moment où je me prépare à te quitter, je voudrais te libérer de toute responsabilité administrative tirant son origine et son autorité de ma présence parmi vous comme l'un de vous. Désormais, je n'exercerai plus, sur vous et parmi vous, que l'autorité spirituelle. ”

“ Si tes frères désirent te conserver comme conseiller, je te commande de faire tout ce que tu peux, dans toutes les questions temporelles et spirituelles, pour promouvoir la paix et l'harmonie parmi les divers groupes de croyants sincères à l'évangile. Consacre le reste de ta vie à développer les aspects pratiques de l'amour fraternel parmi tes frères. Sois bon pour mes frères par le sang quand ils parviendront à croire pleinement à l'évangile; manifeste un dévouement affectueux et impartial envers les Grecs à l'occident et envers Abner à l'orient. Bien que mes apôtres, ici devant moi, doivent prochainement être dispersés aux quatre coins de la Terre pour proclamer la bonne nouvelle du salut par la filiation avec Dieu, il t'appartient de les maintenir réunis durant les heures d'épreuve imminentes, la période intensément éprouvante durant laquelle vous devrez apprendre à croire à l'évangile hors de ma présence personnelle, tout en attendant patiemment l'arrivée du nouvel instructeur, l'Esprit de Vérité. Donc, André, bien qu'il puisse ne pas t'échoir d'accomplir les grandes oeuvres du point de vue humain, contente-toi d'être l'éducateur et le conseiller de ceux qui les accomplissent. Poursuis jusqu'à la fin ton travail sur Terre et, ensuite, tu continueras ce ministère dans le royaume éternel, car ne t'ai-je pas maintes fois dit que j'ai d'autres brebis en dehors de ce troupeau ? ”

Jésus alla ensuite vers les jumeaux Alphée, se mit entre eux deux et dit : “ Mes petits enfants, vous êtes l'une des trois paires de frères qui ont choisi de me suivre. Tous les six vous avez bien fait de travailler en paix avec votre frère par le sang, mais aucun ne l'a fait mieux que vous. De durs moments nous attendent sous peu. Peut-être ne comprendrez-vous pas tout ce qui vous arrivera, à vous et à vos frères, mais ne doutez jamais que vous ayez été un jour appelés à l'oeuvre du royaume. Pendant quelque temps, il n'y aura pas de foules à diriger, mais ne vous découragez pas. Quand le travail de votre vie sera achevé, je vous recevrai au ciel où vous pourrez raconter votre salut aux armées séraphiques et aux multitudes de Fils élevés de Dieu. Consacrez votre vie à magnifier les travaux pénibles de la vie de tous les jours. Montrez à tous les habitants de la Terre et aux anges du ciel comment un être humain mortel peut retourner avec gaité et courage à son dur labeur de jadis, après avoir été appelé pendant un temps au service spécial de Dieu. Si, pour le moment, votre travail dans les affaires extérieures du royaume est achevé, vous devriez retourner à vos anciens travaux avec l'illumination nouvelle de l'expérience d'être fils et filles de Dieu, et avec la compréhension élevée que, pour celui qui connaît Dieu, il n'existe ni travail banal, ni labeur séculier. Pour vous, qui avez oeuvré avec moi, toutes choses sont devenues sacrées, et tout labeur terrestre est devenu un service pour Dieu le Père lui-même. Quand vous entendrez raconter les actes de vos anciens associés apostoliques, réjouissez-vous avec eux et poursuivez votre besogne quotidienne comme ceux qui attendent Dieu et travaillent en l'attendant. Vous avez été mes apôtres et vous le serez toujours; je me souviendrai de vous dans le royaume à venir. ”

Ensuite, Jésus alla vers Philippe, qui se leva pour entendre le message suivant de son Maitre : “ Philippe, tu m'as posé beaucoup de sottes questions, et j'ai fait mon possible pour répondre à chacune d'elles. Maintenant je voudrais répondre à la dernière qui est venue à ton mental fort honnête, mais fort peu spirituel. Pendant tout le temps que je contournais la table vers toi, tu n'as cessé de te demander : « Que vais-je bien faire si le Maitre s'en va et nous laisse seuls dans le monde ? » Homme de peu de foi ! Et, pourtant, tu en as presque autant que nombre de tes frères. Tu as été un bon intendant, Philippe. Tes défaillances ont été rares, et nous avons utilisé l'une d'elles pour manifester la gloire du Père. Ton service d'intendance va prendre fin. Il faudra te consacrer bientôt plus complètement à l'oeuvre pour laquelle tu as été appelé – la prédication de l'évangile du royaume. Philippe, tu as toujours voulu des démonstrations et tu vas bientôt voir de grandes choses. Il aurait bien mieux valu que tu aies perçu tout ceci par la foi, mais, puisque tu étais sincère même dans ta vision matérielle, tu vivras pour voir l'accomplissement de mes paroles. Ensuite, quand tu auras été béni par la vision spirituelle, fais ton travail en consacrant ta vie à guider l'humanité dans sa recherche de Dieu et des réalités éternelles avec l'oeil de la foi spirituelle, et non avec les yeux du mental matériel. Souviens-toi, Philippe, que tu as une grande mission sur Terre, car le monde est rempli de gens qui ont tendance à regarder la vie exactement comme toi. Tu as une tâche importante à accomplir et, quand elle sera achevée dans la foi, tu viendras à moi dans mon royaume, et je prendrai grand plaisir à te montrer ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu et ce que le mental humain n'a pas conçu. Entretemps, deviens comme un petit enfant dans le royaume de l'esprit et permets-moi, en tant qu'esprit du nouvel instructeur, de t'entrainer dans le royaume spirituel. De cette manière, je pourrai faire pour toi beaucoup de choses que je ne pouvais pas accomplir quand je séjournais avec toi comme mortel du royaume. Et souviens-toi toujours, Philippe, que quiconque m'a vu a vu le Père. ”

Ensuite, le Maitre alla vers Nathanael, qui se leva; mais Jésus le pria de se rassoir, s'assit à côté de lui et dit : “ Nathanael, tu as appris à vivre au-dessus des préjugés et à pratiquer une tolérance accrue depuis que tu es devenu mon apôtre. Mais tu as encore beaucoup à apprendre. Tu as été une bénédiction pour tes collègues parce que ta persévérante sincérité les appelait toujours à l'ordre. Après mon départ, il se peut que ta franchise t'empêche de rester en bons termes avec tes frères, tant anciens que nouveaux. Tu devrais apprendre que l'expression d'une pensée, même bonne, doit être modulée en harmonie avec le statut intellectuel et le développement spirituel de l'interlocuteur. La sincérité est fort utile dans l'oeuvre du royaume quand elle est alliée au discernement. ”

“ Si tu voulais apprendre à travailler avec tes frères, tu pourrais accomplir des oeuvres plus durables; par contre, si tu pars à la recherche de ceux qui pensent comme toi, consacre alors ta vie à prouver que le disciple connaissant Dieu peut devenir un bâtisseur du royaume, même s'il est seul dans le monde et complètement isolé de ses compagnons croyants. Je sais que tu seras fidèle jusqu'au bout, et je t'accueillerai, un jour, dans le service plus étendu de mon royaume du ciel. ”

Alors, Nathanael prit la parole pour demander à Jésus : “ J'ai écouté ton enseignement depuis le premier moment où tu m'as appelé au service du royaume, mais, en toute honnêteté, je n'arrive pas à comprendre la pleine signification de tout ce que tu nous dis. Je ne sais pas à quels évènements je dois m'attendre, et je crois que la plupart de mes compagnons sont également désorientés, mais qu'ils hésitent à avouer leur embarras. Peux-tu m'aider ? ” Jésus posant la main sur l'épaule de Nathanael dit : “ Mon ami, il n'est pas surprenant que tu sois embarrassé pour essayer de saisir la signification de mon enseignement spirituel, puisque tu es tellement handicapé par tes idées préconçues sur la tradition juive et embrouillé par ta tendance persistante à interpréter mon évangile conformément aux leçons des scribes et des pharisiens. ”

“ Je vous ai beaucoup enseigné par la parole et j'ai vécu ma vie parmi vous. J'ai fait tout ce qui était possible pour illuminer votre mental et libérer votre âme. Ce que vous n'avez pas été capables de tirer de mes enseignements et de ma vie, il faut maintenant vous préparer à l'acquérir auprès du maitre de tous les instructeurs – l'expérience effective. Dans toutes ces expériences nouvelles qui vous attendent, je vous précèderai et l'Esprit de Vérité vous accompagnera. Ne craignez pas. Quand le nouvel instructeur sera venu, il vous révèlera ce que vous ne réussissez pas à comprendre maintenant; il le fera durant le reste de votre vie terrestre et poursuivra votre formation dans les âges éternels. ”

Puis le Maitre se tournant vers tous les apôtres dit : “ N'ayez pas de crainte si vous ne comprenez pas la pleine signification de l'évangile. Vous n'êtes que des êtres finis, des êtres humains mortels, et ce que je vous ai enseigné est infini, divin et éternel. Soyez patients et ayez bon courage, car vous avez les âges éternels devant vous pour continuer votre expérience progressive et devenir parfaits, comme votre Père au Paradis est parfait. ”

Ensuite, Jésus alla vers Thomas, qui, debout, l'entendit dire : “ Thomas, tu as souvent manqué de foi; toutefois, après tes périodes de doute, tu n'as jamais manqué de courage. Je sais que les faux prophètes et les éducateurs illégitimes ne te tromperont pas. Après mon départ, tes frères apprécieront d'autant plus ta manière critique de considérer les nouveaux enseignements. Quand vous serez tous dispersés aux confins du monde dans les temps à venir, souviens-toi que tu es encore mon ambassadeur. Consacre-ta vie à la grande oeuvre consistant à montrer que le mental matériel critique de l'être humain peut triompher de l'inertie du doute intellectuel quand il se trouve en face de la manifestation démonstrative de la vérité vivante; je parle de la vérité vivante telle qu'elle opère dans l'expérience des hommes et des femmes nés d'esprit, qui produisent dans leur vie les fruits de l'esprit, et qui s'aiment les uns les autres comme je vous ai aimés. Thomas, je suis heureux que tu te sois joint à nous, et je sais qu'après une courte période de perplexité, tu continueras à servir le royaume. Tes doutes ont embarrassé tes frères, mais ne m'ont jamais dérangé. J'ai confiance en toi et je te précèderai jusqu'aux confins de la Terre. ”

Ensuite, le Maitre alla vers Simon Pierre, qui se leva, tandis que Jésus s'adressait à lui en ces termes : “ Pierre, je sais que tu m'aimes, et que tu consacreras ta vie à prêcher publiquement l'évangile aux Juifs et aux Gentils, mais je suis désolé que tes années d'association étroite avec moi n'aient pas mieux réussi à t'aider à réfléchir avant de parler. Par quelle expérience faudra-t-il que tu passes pour apprendre à surveiller tes paroles ? Que de difficultés tu nous as causées par tes paroles irréfléchies, par ta présomptueuse confiance en toi ! Tu vas t'attirer encore bien plus de difficultés si tu ne maitrises pas ce défaut. Tu sais que tes frères t'aiment malgré cette faiblesse, et tu dois aussi comprendre que cette imperfection ne diminue en rien mon affection pour toi, mais elle réduit ton utilité et ne cesse jamais de te valoir des ennuis. Toutefois il est indubitable que l'expérience que tu vas passer cette nuit même sera pour toi d'un grand secours. Ce que je te dis maintenant, Simon Pierre, je le dis également à tous tes frères assemblés ici : Ce soir, vous serez tous en grand péril de trébucher à cause de moi. Vous savez qu'il est écrit : « Le berger sera frappé et les brebis seront dispersées. » Quand je ne serai plus là, il y aura grand danger que certains succombent à des doutes et trébuchent à cause de ce qui me sera arrivé. Mais je vous promets maintenant que je reviendrai pour un peu de temps et que je vous précèderai alors en Galilée. ”

Alors Pierre mit sa main sur l'épaule de Jésus et dit : “ Peu importe si tous mes frères succombent à des doutes à ton sujet; moi, je te promets que je ne trébucherai sur rien de ce que tu pourras faire. Je t'accompagnerai et, au besoin, je mourrai pour toi. ”

Tandis que Pierre se tenait là devant son Maitre, tout tremblant d'une émotion intense et débordant d'amour sincère pour lui, Jésus le regarda droit dans ses yeux humides de larmes et dit : “ Pierre, en vérité, en vérité, je te le dis, cette nuit, le coq ne chantera pas avant que tu ne m'aies renié trois ou quatre fois. Et ainsi, ce que tu n'as pas appris par ton association paisible avec moi, tu vas l'apprendre par beaucoup d'ennuis et de grands chagrins. Après que tu auras réellement appris cette indispensable leçon, tu devrais fortifier tes frères et poursuivre une vie consacrée à prêcher l'évangile, bien que tu puisses être mis en prison, et peut-être me suivre en payant le prix suprême du service expression de l'amour pour édifier le royaume du Père. ”

“ Mais souviens-toi de ma promesse : Quand je serai ressuscité, je demeurerai quelque temps avec vous avant d'aller vers le Père. Ce soir même, je supplierai le Père de fortifier chacun de vous pour l'épreuve que vous allez si prochainement traverser. Je vous aime tous de l'amour dont le Père m'aime, et vous devriez donc vous aimer désormais les uns les autres comme je vous ai aimés. ”

Ensuite, après avoir chanté un hymne, ils partirent pour le camp du mont des Oliviers.






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